Avertissement
Cet inventaire porte sur tous les bâtiments qui
appartiennent au domaine national du château de Versailles et
de Trianon dans son état actuel ou qui, comme la Petite Ecurie,
ont vocation à y revenir selon les termes du décret de
1995.
Il constitue une première car jamais le décor monumental
extérieur de cet ensemble na été considéré
pour lui-même et de façon exhaustive. Le voici, entièrement
répertorié, photographié, indexé et documenté.
Sa réalisation a exigé plus de 2000 prises
de vues ainsi que la consultation dinnombrables pièces
darchives : comptes, états, soumissions et mémoires
dartistes conservés aux Archives nationales ainsi que dans
lénorme fonds du service darchitecture du château
pour la période allant de 1805 à nos jours.
Ce travail a également bénéficié
détudes précédentes. Outre celles menées
par F. Didier, ACMH assisté dA. Heitzmann, préalablement
aux restaurations quil dirige, lapport essentiel provient
des recherches effectuées par F. Souchal et F. de la Moureyre
dont les résultats ont été publiés dans
un article de la Gazette des Beaux-Arts de 1972 sur les figures des
façades du château ainsi que dans les notices des 4 volumes
du dictionnaire des sculpteurs du règne de Louis XIV parus de
1977 à 1993 ; notons toutefois que les auteurs sen
tenaient à la période du grand roi et quils privilégiaient
les morceaux figuratifs alors que lensemble couvre trois siècles
et compte de nombreux autres objets.
Une approche nouvelle
La principale originalité de ce travail consiste
dans son approche topographique et architecturale car cette sculpture
décorative est soumise à larchitecture qui gouverne
tout : la création de luvre, sa forme, sa matière
et jusquà son thème.
Cest pourquoi chacun des trente chapitres, auxquels on accède
par le sommaire général ou par les plans, et qui traitent
soit dune façade, soit dun bâtiment, soit dun
espace, est introduit par un court exposé sur son architecture
avant daborder son décor sculpté particulier. Celui-ci
fait également lobjet dune brève synthèse
signalant les morceaux remarquables et lexistence dun
programme iconographique quand il y a lieu et dun repérage
précis qui conduit aux notices des uvres.
Afin de mettre en évidence les lectures horizontales et verticales,
la structure de linventaire a été conçue
de façon à établir une hiérarchie qui traduise
les liens entre les uvres, lappartenance à des séries,
lexistence de pendants. Elle met également en correspondance
les uvres en place (en les privilégiant toujours), les
originaux ou les moulages conservés en réserve ainsi que
les uvres détruites.
Plus de 1 300 modèles différents
Chacun des 1 315 numéros de l'inventaire correspond à un modèle différent de décor et à une ou plusieurs notices d'oeuvre qui comportent :
- une (ou des) localisation précise
- une dénomination
- une attribution à un ou à des auteurs, certains ou
présumés, sachant que le nom des auteurs
doit ici sentendre, surtout pour lornement, par « atelier
de » plutôt que par lartiste lui-même
- une forme, une matière, des dimensions
- une description, utilisant des termes récurrents pour faciliter
lindexation, et sattachant à expliquer,
si nécessaire, les allégories, les épisodes de
la mythologie ou les allusions politiques
- un historique de la création, des restaurations ou des modifications,
qui a conduit,
de proche en proche et pour tenir une ligne logique, à évoquer
les décors disparus
- une bibliographie, favorisant les descriptions anciennes et limitée
aux ouvrages
qui apportaient des éléments nouveaux.
Labsence de toute considération stylistique
a été dictée par la prudence pour deux raisons
principales : en premier lieu, il sagit dune uvre
collective pour laquelle les maîtres duvre demandaient
aux artistes doublier leur manière propre ; ensuite
le passage du temps a altéré ces sculptures qui ont le
plus souvent subi des restaurations quand elles nont pas été
remplacées par des copies.
Que ressort-il de cet ensemble ?
Comme toujours à Versailles et cest
là le véritable luxe les décors présentent
une grande diversité sous une apparente unité, dinfinies
variations sur un même thème : sur les 266 trophées
darcades que comptent Versailles et Trianon, pas un nest
identique ; il en va de même pour les quelques 350 masques
des clefs darcades ou pour les 166 figures ; quant à
lornement qui est, lui, décliné en de multiples
exemplaires de vases, de consoles, dagrafes, de chapiteaux et
de moulures, il est représenté par quelque 300 modèles
différents.
Cette diversité est accrue par des disparités :
disparité dans la qualité de la sculpture et dans le respect
dun programme iconographique si lon confronte par exemple
les sculptures des façades sur le parc de laile du Midi
à celles de laile du Nord, disparité desprit
entre le décor de Versailles qui délivre un message politique
et religieux fort et celui de Trianon où il est de pur agrément ;
disparité encore quant à létat de conservation,
le château et les écuries semblant plus atteints que le
reste.
Car Versailles apparaît comme un chantier perpétuel
de sculpture, comme une maison que lon doit sans cesse entretenir ;
de Louis XIV à nos jours, les restaurations nont jamais
cessé et si, en trois siècles, certaines uvres originales
ont été perdues ou remisées, il nen demeure
pas moins de très beaux morceaux de sculpture en place :
les figures de la Chapelle, les chapiteaux et les trophées darcades
du Grand Trianon, les chevaux bondissants des écuries, les grands
reliefs des saisons du Grand Commun, le trophée du Temple de
lAmour... Quant aux répliques, confiées souvent
à dexcellents sculpteurs et réalisées daprès
loriginal restauré pour la circonstance, elles ne sont
pas à dédaigner : il suffit pour sen persuader
de regarder les figures de Mars et dHercule qui couronnent le
pavillon central de la cour de Marbre, copies du XIXe siècle
dues au ciseau de Henri Chapu qui avouait sa peine à reproduire
du Girardon.
Apport du multimédia
Le choix de ce support sest imposé demblée,
comme parfaitement adapté au sujet. Pour les groupes présentant
plusieurs faces, il fallait un grand nombre dillustrations ;
pour les détails souvent inaccessibles au regard, il fallait
pouvoir les agrandir ; pour situer les sculptures, il fallait tout
un système de repérage. Les cinq volumes de 500 pages
auxquels auraient correspondu textes et vignettes nauraient pu
répondre à ces exigences, non plus quà celle
des recherches croisées.
Enfin, la mise en ligne correspond à lesprit qui a présidé
à la création dInternet : léchange
des connaissances scientifiques.
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