Technique du moulage [Versailles décor sculpté extérieur]

Tête de cheval
Paris, musée national des Arts asiatiques–Guimet

Technique du moulage

Terre cuite

La céramique est l’art de fabriquer des poteries. On nomme céramique tout objet d’argile qui a subi des transformations chimiques sous l’action d’une chaleur de plus de 600 degrés. On distingue la faïence, la porcelaine et la terre cuite.
Sont regroupées sous le terme de terre cuite, des terres argileuses débarrassées de leurs impuretés qui ont subi ce processus de cuisson. Parfois on ajoute à l’argile certains éléments qui vont permettre d’abaisser ou d’augmenter son point de fusion ou encore modifient son aspect final. La chamotte par exemple, qui est de la terre cuite concassée, peut être mélangée à l’argile afin que cette dernière soit moins collante, que le retrait à la cuisson soit moins important et que l’aspect final soit plus granuleux.
Le moulage en terre cuite peut procéder de différentes techniques, dont la plus ancienne et la plus répandue est celle de l’estampage : sur les parois du moule est pressée l’argile molle qui imprime ainsi tous les creux. Selon la complexité de la sculpture ces estampages vont être assemblés.

Au-delà d’une certaine épaisseur ou volume, la sculpture doit être creuse et présenter au moins une ouverture qui permet à l’air de s’échapper lors de la cuisson. La terre doit sécher puis cuire uniformément sans contenir aucune bulle ou poche d’air étanche qui provoquerait une explosion.
Lors du séchage puis de la cuisson, le retrait de la sculpture (sa diminution de volume) est de l’ordre de 10%. Cela correspond à l’évaporation de l’eau qui fait perdre au matériau son élasticité et permettra à partir de 500 degrés une composition chimique modifiée irréversible qui va assurer sa solidité, puis si la cuisson se poursuit au-delà de 1600 degrés un phénomène de vitrification. Cette montée de la température est progressive et doit être tout à fait maîtrisée, de même que le refroidissement.
La couleur de la terre cuite est variable et dépend de la couleur de la terre choisie ainsi que de la cuisson. Les nuances obtenues sont complétées par la patine qui lui est appliquée.

 

Baigneuse accroupie
Paris, musée du Louvre

Baigneuse
Paris, musée d'Orsay

Bronze

Le bronze est un alliage d’étain et de cuivre. On date son apparition du IIe millénaire avant J.-C.

Processus de fabrication d’un bronze : la pièce originale conservée au musée fait l’objet d’une prise d’empreinte puis d’une reproduction en volume. Cette reproduction servira à fabriquer un moule.

Deux techniques sont utilisées :
– la fonte au sable, pour les formes simples
– la fonte à la cire perdue, pour les formes complexes.

Cette dernière est la plus utilisée. Une fois le moule réalisé, on fait un tirage composé d’une fine épaisseur de cire et d’un noyau en matière réfractaire. Sur ce tirage de cire est élaboré un nouveau moule en matière réfractaire. La cire est donc prise entre deux couches de matière réfractaire. Le bronze chauffé à 1100 degrés à peu près, est coulé d’un seul jet, la cire fond, le bronze remplit l’espace vide entre le moule et le noyau.

La fonte terminée, la pièce est démoulée. C’est là qu’intervient le savoir-faire de l’artisan qui, par un long travail d’ébarbage et de ciselure sur cette pièce « brute de fonderie », va en faire à son tour une œuvre d’art fidèle à l’original. Il restera à réaliser la patine qui est le résultat d’une réaction chimique savamment dosée entre le métal et divers acides.
Cadeaux de prestige par excellence, la statue en bronze est une pièce de valeur qui se transmet au même titre qu’un meuble, un tableau et s’inscrit dans un patrimoine familial.

 

Buste de noble Médé
Paris, musée du Louvre

Résine

L’invention des résines utilisées pour les moulages est récente.
La résine permet la réalisation d’œuvres fragiles et de petit format qui peuvent être reproduites dans un matériau moins onéreux que le bronze. Ce matériau est aussi très bien adapté à une exposition à l’extérieur.
Les résines se présentent généralement sous une forme liquide que l’adjonction d’un catalyseur va faire durcir. Leurs propriétés de résistance peuvent être renforcées par l’utilisation de "charges" comme la poudre métallique ou l’utilisation de fibre de verre qui permet par la technique du stratifié de créer de grands moulages creux mais très résistants. L’addition de poudres métalliques ou de poudre de marbre, la coloration par les pigments permettent des reproductions des plus fidèles sur lesquels les artisans patineurs pourront exprimer leur savoir-faire et donner à votre pièce, l’aspect de celle qui est conservée au musée.

 

La belle florentine
Paris, musée du Louvre

Plâtre

Le plâtre est le matériau de prédilection du moulage.
C’est la meilleure façon d’obtenir les détails les plus fidèles. Son coût raisonnable le rend accessible à tous.
Il était déjà utilisé au Néolithique dans la région du Proche Orient.
Egyptiens, Grecs, Romains l’utilisaient, en particulier pour mouler des visages et des parties du corps. En France, les premiers exemples d’utilisation du matériau sont constitués par les sarcophages réalisés à l’époque mérovingienne, entièrement en plâtre, dans des moules dont les panneaux sont sculptés. Le plâtre connut un nouveau regain de faveur à la Renaissance, notamment avec le sculpteur Verrocchio (1435-1488) pour être couramment utilisé jusqu’à nos jours.

Le plâtre est obtenu à partir de gypse concassé puis cuit autour de 150 degrés et ensuite raffiné. Le plâtre en poudre est ajouté progressivement à l’eau. On le "gâche" avant le début de sa "prise", c’est-à-dire qu’on le mélange afin d’assurer son homogénéité en veillant à libérer les bulles d’air. Malléable, il est répandu dans un moule dont il épousera parfaitement la forme. Réalisé avec des "polochons", mélange de plâtre et de fibres végétales, le moulage est résistant aux chocs. Le plâtre est aussi un matériau qui se restaure facilement et qui par sa capillarité permet une très bonne accroche des pigments et peut offrir ainsi une infinité de nuances. Il va de soi qu’il est déconseillé de l’exposer à l’extérieur ou à une forte humidité.

© Béatrix Saule, Château de Versailles, 2005
Coproduction EPV - RMN